Le Sahel est traversé depuis plus d’une décennie par de multiples crises. Aux manques d’infrastructures d’approvisionnement, s’ajoute la problématique de leur protection contres des attaques armées. Les eaux souterraines constituent une ressource abondante clé pour la résilience climatique mais demeurent mal connues et sous-valorisées. Cependant, l’eau est aussi un outil de coopération, dont l’Afrique est pionnière dans la coopération interétatique. L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et du fleuve Gambie (OMVG) en sont des exemples emblématiques. Le Rapporteur spécial sur les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement a souligné que ces deux organisations représentent des bonnes pratiques dans son rapport à l’Assemblée générale des Nations Unies de 2023 (A/78/253).
Depuis 2018, le Geneva Water Hub, un centre de compétences sur l’eau pour la paix de l’Université de Genève, a mis en place deux programmes de recherche. Le premier vise à promouvoir un dialogue sur l’eau comme vecteur de paix au Sahel et le deuxième étudie la relation entre l’eau et les conflits armés en se fondant sur la Liste de Principes de Genève sur la protection des infrastructures hydrauliques et vise à renforcer les mécanismes de mise en œuvre de droit international notamment en examinant comment l’eau fait partie des crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et du génocide.
Le partenariat G3+ renforcera le volet académique et les synergies entre ces deux programmes de recherche. Le financement du projet « L’eau comme vecteur de paix au Sahel » permettra la tenue d’un colloque scientifique à Dakar et contribuera à soutenir la mobilité d’étudiants entre les quatre universités. Les étudiants engagés aideront au développement de cliniques juridiques sur la prévention de conflits liés à l’eau et le renforcement de la protection de l’eau en temps de conflit armé. Le financement d’un colloque scientifique à Dakar permettra de disséminer la connaissance dans la région sur la coopération transfrontière au Sahel avec pour objectif de renforcer la vision de l’eau comme vecteur de la cohésion sociale intercommunautaire et de consolidation de la paix. L’objectif de ce colloque consistera à préciser les objectifs de recherche d’un nouveau réseau de chercheurs du G3+. Ce réseau appuiera également les décideurs locaux afin de prendre des décisions fondées dans des évidences scientifiques.
Le colloque mobilisera une expertise multidisciplinaire et les thématiques abordées incluront : 1) la gestion conjointe entre eaux de surface et souterraines ; 2) l’évolution institutionnelle et les mécanismes de financements des cadres de coopération dans le domaine de l’eau ; 3) la protection de l’eau en temps de conflit armé. Les résultats de ce colloque seront publiés dans un ouvrage.
Le réseau de chercheurs du G3+ permettra d’innover le discours actuel qui présente souvent l’eau comme une source de conflit. Les travaux de chercheurs offriront des illustrations de comment l’eau peut servir d’outil pour la paix au Sahel et soulignera la responsabilité des acteurs académiques francophone du G3+ à disséminer cette connaissance pour transformer le narratif autour de l’eau de source de conflit en instrument de paix.
L’articulation des transitions écologique et numérique apparaît actuellement comme un moyen prometteur pour résoudre les défis de durabilité. Cependant, son efficacité est confrontée à un défi majeur : comment éviter que les impacts environnementaux des systèmes numériques ne se superposent à ceux des systèmes existants au lieu de les atténuer, créant ainsi des effets de rebond potentiellement néfastes ? Impliquant l'intégration d'innovations numériques dans divers secteurs tels que le bâtiment, la mobilité, l'agriculture, et les services, pour optimiser leur performance environnementale, cette « transition double » pose des défis nouveaux à la gouvernance des infrastructures existantes et nouvelles. Comment donc assurer la réalisation des objectifs de durabilité poursuivis ?
C'est la question fondamentale que cette collaboration interdisciplinaire entre des équipes de l’UNIGE (sociologie de l’innovation), l’ULB (gestion de l’environnement) et l’UdeM (aménagement) se propose d’aborder en examinant les enjeux que soulève la gouvernance conjointe de l’innovation et de l’exnovation dans la transition double. Récemment intégré aux études sur la transition vers la durabilité, le concept d’exnovation souligne la nécessité d'une gouvernance active, parallèle à l’introduction de technologies et pratiques, de l’abandon et du retrait de celles devenues problématiques. L’articulation de l’innovation et de l’exnovation en vue d’assurer la durabilité constitue ainsi un défi nouveau pour la réussite de la transition double qu’il s’agit de confronter dans ce projet en examinant les cas de Genève, Bruxelles et Montréal, trois métropoles moyennes situées dans les régions francophones de pays plurilingues aux systèmes politiques fédéraux.
Le programme de travail se structure autour de trois colloques semi-publics avec la participation d’experts académiques et non académiques. Le premier colloque à Genève examinera les défis liés à la double transition dans les secteurs de l'aménagement urbain, de la mobilité et de l'énergie, en s’attardant sur les risques d'effets de rebond. Le deuxième colloque à Bruxelles se concentrera sur la gouvernance de l'exnovation comme solution aux effets de rebond. Il analysera comment les politiques peuvent piloter le déclin des technologies et pratiques non durables. Le dernier colloque à Montréal se penchera sur la gouvernance démocratique de l'exnovation dans l'aménagement urbain, en mettant l'accent sur la participation citoyenne, la collaboration public-privé et la responsabilisation des universités dans la double transition. Deux écoles doctorales à Genève, en 2024 et 2025, complètent le programme.
Le projet espère ainsi approfondir la compréhension des enjeux de la transition double, en favorisant le partage d'expériences et la recherche de solutions innovantes dans les trois régions étudiées. Disséminés via des publications et par le biais d’un travail actif de transfert vers la pratique, les résultats du projet renforceront la visibilité internationale de la recherche francophone dans un contexte largement anglophone, tout en contribuant à relever les défis actuels de la durabilité, de la numérisation, et de l’innovation responsable. À terme, le projet vise à pérenniser cette collaboration sur un sujet stratégique par le biais de nouvelles initiatives de recherche, de formation, et de transfert vers la cité.
Prenant appui sur l’élargissement en mai 2023 du G3 à l’Université Cheikh-Anta Diop de Dakar (UCAD), ce projet propose de réfléchir aux enjeux de la production, de la circulation et de l’échange des savoirs dans les relations Nord-Sud. L’inclusion de l’UCAD dans le réseau du G3 s’inscrit dans une stratégie, développée de façon différenciée dans les 3 institutions fondatrices du réseau, d’approfondissement des relations avec des partenaires universitaires en Afrique et d’élargissement de l’offre de formation dans le domaine des études africaines. Ces développements ont eu lieu dans un contexte particulier, marqué notamment par des appels à une « décolonisation » des savoirs et des pratiques de la recherche à propos des sociétés africaines, ainsi que par des mobilisations sociales et politiques en Afrique pour remettre en cause les relations internationales africaines post-coloniales. Mot-valise qui se prête à des interprétations et à des usages multiples, le terme de « décolonisation » servira de porte d’entrée à une réflexion critique qui se déclinera en trois axes principaux.
Les deux axes thématiques de ce projet (2 & 3) feront l’objet de deux ateliers de réflexion, le premier à l’Université de Genève et le second à l’Université Cheikh-Ana Diop de Dakar. Quant à la cartographie, elle sera établie progressivement tout au long du projet, et c’est sur cette base notamment que de futures collaborations seront développées.
Le FI G3 permettra le lancement du projet SIMG3, c’est-à-dire la création d’une communauté de pratiques interdisciplinaires de la simulation médicale entre les centres de simulation de l’UNIGE, l’UdeM, l’ULB et l’UCAD.
La simulation est définie comme une méthode pédagogique active et innovante, basée sur l’apprentissage expérientiel et la pratique réflexive. Elle est devenue un incontournable en tant que ressource didactique au sein des dispositifs curriculaires en santé alignée avec les adages « jamais la première fois sur le patient » et « apprendre ensemble à travailler ensemble dans un contexte interprofessionnel ». Le développement et le maintien de la qualité des programmes de simulation, des compétences des formateurs et des compétences de nos étudiants sont des enjeux permanent. Offrir ce précieux outil pédagogique à nos étudiants et aux professionnels de la santé nécessite cependant des ressources matérielles et professorales considérables. Ces ressources sont bonifiées par les collaborations interuniversitaires, que cela soit par l’apport financier, le partage de l’expérience pédagogique ou encore le partage de l’expertise professorale.
Le SIMG3 pourra bénéficier du partage d’expertises et de bonnes pratiques des centres de simulation des 4 universités :
o Le Centre Interprofessionnel de Simulation initié en 2013 par la Faculté de Médecine de l’Université de Genève et la Haute Ecole de Santé de Genève s’est enrichi rapidement de partenaires institutionnels que sont les Hôpitaux Universitaires de Genève. Le CIS est devenu indispensable dans le développement des compétences interprofessionnelles collaboratives au sein des programmes de formation en santé.
o En service depuis février 2009, le Centre d’Apprentissage des Attitudes et des Habilités Cliniques de la faculté de médecine de l’Université de Montréal vise à offrir des activités où la sécurité des patients et des professionnels occupent une place importante. Le CAAHC possède un comité de recherche en éducation médicale basée sur la simulation qui a pour mission d’initier des projets, encadrer des chercheurs et mener à terme des études en simulation.
o Ouvert depuis mai 2015, le centre de simulation SimLabS est un partenariat entre le Pôle Santé de l’ULB, le département santé de la Haute Ecole libre de Bruxelles, et en cours d’élargissement avec l’Hôpital Universitaire de Bruxelles. Le SimLabS accompagne les équipes dans l’intégration de la simulation dans les programmes d’enseignement. Elle a développé depuis plusieurs années une spécificité en ingénierie pédagogique avec, entre autres, son certificat universitaire aux méthodes d’enseignement en simulation interprofessionnelle en santé.
o Le centre de simulation de la faculté de médecine de l’Université de Dakar, bien qu’il soit au début de son parcours en simulation, reconnait le besoin prioritaire de développer la simulation et de l’intégrer au sein des programme d’enseignement en santé.
Nos institutions reconnaissent la simulation comme un levier de la santé publique avec un impact sur l’efficience, la qualité et la sécurité des soins de santé.
Les objectifs du SIM G3 seront de pérenniser les collaborations inter-universitaires, de renforcer le partage des expertises, de développer des projets communs de recherche à grande échelle et d’outils d’innovation en simulation.
Depuis plusieurs années, les institutions patrimoniales en Europe se sont engagées dans un processus de décolonisation de leurs pratiques et de l’histoire de leurs collections muséales. Dans le domaine de l’ethnomusicologie en particulier, cette dynamique a généré des changements et des réflexions quant à l’épistémologie du terrain de recherche, le statut des collections d’instruments de musique et des archives sonores qui sont, aujourd’hui, conservées dans ces institutions. A travers leurs projets de muséographie et de médiation culturelle, les institutions patrimoniales visent à faciliter l’accès aux différents publics et à inclure les discours des communautés sources et des diasporas dans ses représentations. L’objectif est de mettre en place des constructions symétriques des savoirs. Ces expériences s’ancrent dans les enseignements d’ethnomusicologie depuis peu et une dynamique de consolidation et de transmission est à impulser avec le monde académique afin de réaffirmer l’inscription sociétale de l’ethnomusicologie dans ses terrains, qu’ils soient in situ ou transnationaux. L’objectif poursuivi est de prévenir l’essentialisation des cultures et des traditions du monde dans leurs études. Ces nouveaux défis se sont concrétisés par un renouvellement des sujets de recherche et des méthodologies, que reflètent, entre autres, les nouveaux terrains numériques, les pensées décoloniales ou encore les questions de genre.
La communication en santé se définit comme un entretien entre un professionnel de la santé, un patient, ses proches ou un collègue. Elle repose sur : (1) la maîtrise des comportements de communication ; (2) la capacité d’adaptation aux interlocuteurs et aux contextes ; (3) la capacité d’atteindre ses buts professionnels et relationnels d’une manière compatible avec ceux du patient. Cette définition intègre les éléments de modèles relationnels contemporains tout en étant à l’intersection d’autres compétences dans le domaine de soin tels le professionnalisme et la collaboration (Lussier, Richard, 2016)). En ce sens, la communication devient indissociable de la démarche clinique et de la qualité des soins.
Or, jusqu’à très récemment les programmes de formation à la communication sont soit inexistants soit lacunaires en francophonie. Pourtant, ils exigent des méthodes pédagogiques diversifiées à travers notamment des jeux de rôles ou des rencontres avec des patients simulés. Mais l’enseignement de cette compétence est confronté à de nombreux défis : augmentation de cohortes d’étudiants, manque de ressources professorales adéquatement formées et ressources limitées en laboratoire de simulation. À cela s’ajoute la nécessité de proposer une pédagogie innovante et numérique pour répondre aux besoins et au profil des étudiants actuels.
Dans ce contexte, les 3 universités ont développé des compétences diversifiées et complémentaires. L’Université de Montréal (UdeM) s’est distinguée dans le développement de la communication professionnelle en santé et des approches pédagogiques expérientielles . Par ailleurs, l’UdeM travaille à une réforme des études médicales dans le but d’y intégrer notamment la communication professionnelle et l’intelligence artificielle ainsi que des nouvelles approches pédagogiques. L’Université de Genève, quant à elle, a développé une pédagogie intégrant les laboratoires de simulation, notamment humaine. De son côté, l’Université Libre de Bruxelles a créé un dispositif pédagogique numérique innovant et immersif de simulation en ligne pour l’apprentissage de la communication dans les soins de santé.
Jusqu’à récemment, il y a eu peu de partage entre les trois universités dans le domaine de la communication en santé alors que ce genre de partage est courant dans le monde anglo-saxon. Notre projet tenant compte des expertises complémentaires des professeurs des trois universités du G3 permettra d’explorer le potentiel d'une stratégie numérique immersive au sein d’un cursus complet de formation à la communication. Notre objectif est de développer un outil numérique de formation à la communication adapté à différents contextes pédagogiques et culturels du monde francophone. Les objectifs sont :