Partout dans le monde, les sols sont essentiels au bon fonctionnement des socio-écosystèmes. Diverses faunes et flores s’y développent, ils fournissent les matières premières et les ressources énergétiques, minérales et agricoles, et accueillent divers types d’infrastructure (bâtiment, transport, …). Ils sont un élément clef de la régulation du climat, ainsi que du fragile équilibre entre préservation de la biodiversité et qualité de vie. Globalement, les terres agricoles, les sols artificialisés, et les espaces naturels et forestiers sont les trois grands types d’occupation des sols distingués. Les données d’occupation des sols proviennent aujourd’hui de multiples sources. La source principale est, depuis 1990, la base de données CORINE Land Cover (CLC) qui fournit un inventaire biophysique de l’occupation des sols en Europe à partir d’images satellitaires, caractérisant chaque cellule homogène de territoire de 100 mètres de côté par une classe d’occupation des sols dominante parmi 44 possibles. D’autres données, comme des données fiscales cadastrées, des statistiques géoréférencées, ou bien encore des données Lidar obtenues par mesure optique laser aéroportée de grande précision, sont également utilisées.
Dans ce contexte, le projet Terriscope vise le développement d’une plateforme informatique dédiée à l’observation et à la caractérisation de l’évolution de l’occupation des sols, sur un territoire donné. Il s’agira de transférer les données CLC qui sont disponibles pour 5 années (1990, 2000, 2006, 2012 et 2018) dans des zonages irréguliers (communes et parcelles) et de les croiser avec d’autres données éventuellement disponibles (fiscales, Lidar…), afin d’établir la trajectoire dans le temps du profil d’une commune ou d’une parcelle en termes d’occupation des sols. Une typologie complète des changements possibles d’occupation des sols entre deux temps d’observation, axée sur les classes CLC, sera établie. Les technologies standards du Web 3.0 seront utilisées. Ainsi, les données caractérisant l’occupation des sols au niveau communal et parcellaire, ainsi que son évolution, seront produites sous forme de graphes de connaissances (triplets RDF), et rendues accessibles via une interface de visualisation, de navigation et d’analyse. Le formalisme choisi présente plusieurs avantages. Les graphes de connaissances constituent la base globale qu’est le Web des Données et supportent la sémantique des données qu’ils contiennent. Ils connectent des domaines d’information divers, et sont interprétables par des humains et par des machines. Ils permettent des inférences et disposent d’un langage d’interrogation. Enfin, ils sont directement exploitables par des techniques de Machine Learning ou de Data (Graph) Mining.
La conception et le développement de cette plateforme exploiteront les résultats de la thèse de Camille Bernard portant sur l’évolution des divisions territoriales, soutenue à l’UGA en 2019, et réunissant les deux équipes de recherche partenaires du projet Terriscope.
Les jeux de données (CLC, Lidar, Geostat, parcellaires…), disponibles notamment via le Swiss Territorial Data Lab, seront utilisés pour établir une cartographie dynamique et interactive de l’évolution de l’occupation des sols sur le territoire suisse aux échelles communale et parcellaire.
Cette plateforme constituera à la fois un outil d’aide à la décision pour les décideurs et les experts en charge de l’aménagement du territoire, et un outil d’information citoyenne.
La crise sanitaire de la Covid-19 a obligé les entreprises à réorganiser le travail de manière abrupte, rapide et profonde. Le télétravail est devenu en quelques jours une modalité de travail systématique pour plus de 25 % des salariés français (DARES, 2020). Parmi ces télétravailleurs de la crise, plus des deux-tiers n’avaient jamais travaillé une seule journée en dehors de leur lieu habituel d’activité (Abord de Chatillon et al., 2020).
Cette accentuation du télétravail est probablement appelée à durer. En effet, si le télétravail constitue une réponse adaptée aux situations de confinement et de crise, il répond également à d’autres demandes de notre société, telles que la volonté de réduction des coûts immobiliers pour les entreprises, le souhait écologique et économique de réduire les déplacements ou les attentes des salariés en termes d’équilibres de vie. Le télétravail imposé a aussi été l’occasion pour les employeurs, souvent sceptiques jusque-là, de prendre conscience de la faisabilité de cette modalité de travail et de ses bénéfices potentiels.
Cependant, ce travail distancié à domicile n’est pas sans conséquences sur les personnes et les collectifs concernés, ainsi que sur les modalités d’encadrement et de régulation de l’activité. Ce sont ces deux dimensions qui seront explorées par l’équipe pluridisciplinaire (management et sciences de gestion, sciences de l'éducation, sociologie et psychologie du travail et des organisations) rassemblée autour de ce projet.
Un premier axe du projet vise à étudier les incidences de ce changement profond en termes i) de santé au travail (bien-être, épuisement et lassitude, conditions ergonomiques et physiques de travail), ii) d’articulation entre vie personnelle et vie professionnelle (récupération, conflits famille-travail et travail-famille, charge mentale,…), iii) de maintien du lien à l’organisation (engagement, motivation, etc.), iv) de fonctionnement d’équipe (cohésion, confiance, interdépendance,…), v) de performance et productivité au travail (qualité du travail, atteinte des objectifs,…).
Le second axe se centre sur l’exercice du leadership et les pratiques de management adaptés au travail à distance, souvent associés au management par objectifs, mais qu’il est indispensable de caractériser plus finement. La mise à distance modifie les conditions d’exercice du travail pour les collaborateurs mais aussi pour l’encadrement. De nouveaux modes d’organisation semblent voir le jour (management virtuel, management de proximité à distance, etc.), interrogeant les pratiques des managers. Ces évolutions appellent aussi à repenser l’accompagnement et la formation des managers amenés à gérer leurs équipes à distance.
Réunissant les équipes de quatre campus (Grenoble, Lyon, Lausanne et Genève), ce projet s’appuie sur l’expertise, les travaux et les enquêtes déjà accumulés par chaque équipe pour développer une ligne de recherches coordonnées à l’échelle de l’alliance rhodanienne. Il vise à la fois à poursuivre et croiser les études de terrain et enquêtes longitudinales déjà en cours, dans une perspective pluridisciplinaire et comparative franco-suisse, mais aussi à en valoriser conjointement les résultats, tant au sein de la communauté scientifique qu’auprès des réseaux professionnels confrontés à la mise en œuvre du travail à distance (management et responsables des ressources humaines, psychologues du travail et préventeurs, intervenants et formateurs en organisation).
Numérisation et création d’espaces monétaires et financiers alternatifs
De nombreuses études se sont penchées sur la façon dont la numérisation des marchés, et plus largement le capitalisme de plateforme, ont la capacité d'interférer et de surveiller la vie quotidienne par l'extraction massive et l’analyse des données au cours de la création de valeur. Peu d’études, en revanche, s’intéressent à la façon dont la numérisation peut aussi être un passage par lequel créer des espaces monétaires et financiers alternatifs susceptible de répondre à des objectifs de développement soutenable.
En effet, ces espaces monétaires et financiers ne sont pas simplement physiques : ils sont associés à des réseaux, des valeurs, des normes, des cultures et plus largement à des institutions, à travers une logique d’isomorphisme. Pour cette raison, si la délimitation de ces espaces monétaires et financiers dépend de l’ampleur des flux d’échanges économiques spécifiques qui se créent en son sein, elle est également fonction des réseaux sociaux et du lien social induit entre ses acteurs. En d’autres termes, parce qu’un espace de ce type renvoie à une communauté sociale caractérisée par des choix politiques (règles, politiques économiques, partage collectif des risques, projet commun), la frontière de cet espace bien qu’ouverte reste un enjeu décisif.
Ces questions sont particulièrement vives dans le contexte de la crise de la COVID-19, compte tenu des défis soulevés par la numérisation. Par ses caractéristiques techniques, la numérisation est susceptible de faciliter le développement de nouveaux espaces monétaires et financiers. La crise de la COVID-19 a réaffirmé les potentialités techniques de la numérisation, donc sa valeur ajoutée économique et sociale. De ce fait, la numérisation est susceptible de valoriser le « local » en facilitant l’émergence d’initiatives à cette échelle, dans le but de lutter contre les dérives de la globalisation. Mais d’un autre côté, comme l’illustrent bien les plateformes géantes de l’Internet, la numérisation présente aussi des risques majeurs de déshumanisation et de prédation susceptibles de miner la confiance collective dont dépendent ces espaces.
C’est pourquoi, la question est plus généralement de mieux comprendre si la numérisation d’espaces monétaires et financiers alternatifs de proximité est susceptible de renforcer la cohésion économique et sociale entre ses acteurs.
C’est sur ce point que porte ce projet, en proposant d’étudier ce qui relie de ce point de vue des initiatives a priori aussi disparates que la Gentiane (Annecy), la Gonette (Lyon) comme monnaies locales, le Léman comme monnaie locale transfrontalière, les cryptomonnaies développées dans des camps de réfugiés, la conversion de temps d’antenne prépayé en micro-assurance dans un nombre croissant de pays en développement ou les plateformes de blockchain qui permettent de réduire le nombre d’intermédiaires financiers dans les transferts de fonds vers le Sud Global.
Mots-clés : espaces monétaires et financiers alternatifs, numérisation, communautés, soutenabilité, Léman-Gentiane-Gonette, cryptomonnaies, blockchain
La relation que nos sociétés entretiennent avec leur passé, leur présent et leur avenir a connu récemment des mutations majeures. Le présentisme, nouveau régime d’historicité dominant depuis la fin du XXe siècle, a changé le rôle du passé, qui de modèle d’inspiration, est devenu une expérience appropriable par tou·tes. Ces nouvelles pratiques mémorielles se concrétisent avant tout dans des objets permettant de consommer l’histoire : artefacts à l’ancienne vendus lors des fêtes médiévales ; produits évoquant des icônes (les « macarons Marie-Antoinette ») ; bandes dessinées ; goodies (des figurines aux ustensiles de cuisine) dans les boutiques des sites culturels.
Développé d’abord dans les pays anglo-saxons, le marché du passé à consommer est en pleine expansion dans les pays francophones. Cette marchandisation fait depuis peu l’objet de recherches interdisciplinaires réunissant anthropologues et historiens, mais elle pose un réel problème qui n’a guère été étudié jusqu’ici : la plupart de ces produits sont destinés à une consommation ponctuelle. Non seulement ils incarnent le paradoxe des usages quotidiens que nous faisons de passés souvent très éloignés de nous, mais plus encore, ils posent concrètement la question de leur durabilité et, une fois leur cycle d’usage terminé, de leur réutilisation à des fins d’étude.
Transformer les objets périssables inspirés de l’histoire en données pérennisables et exploitables pour les chercheurs dans des domaines aussi variés que l’histoire, l’anthropologie culturelle et la sociologie de la consommation est le but du projet ARAROEM (Archives Rhône-Alpes Romandie des objets éphémères médiévalisants). En pratique, il s’agit d’unir les compétences méthodologiques et technologiques propres aux universités de Lausanne et Grenoble Alpes afin d’élaborer de nouveaux prototypes d’archivage numérique adaptés à ces produits.
Le travail exploratoire s’appuie sur le type précis de consommables historiques dont les équipes grenobloises et lausannoises sont spécialistes : l’objet éphémère médiévalisant (OEM). Des souvenirs des boutiques de la Grande Chartreuse ou du château de Chillon, aux produits vendus sur les marchés des Médiévales à Vienne, Grandson et Aigle, en passant par les créations originales d’artisans et d’artistes, les objets éphémères inspirés par le Moyen Âge sont aujourd’hui le plus florissant des marchés historiques grâce à l’engouement mondial pour les divertissements inspirés par le passé médiéval (livres jeunesse, BD, jeux vidéo comme Assassin’s Creed, séries comme Games of Thrones). Leur consommation est particulièrement forte en Rhône-Alpes et Romandie, régions qui partagent une riche mémoire historique, à la fois commune (principautés alliées au Moyen Âge) et différente (appartenance actuelle à la France et la Suisse). La collecte et l’archivage numérique des OEM produits, consommés et en RAR entre 2000 et 2020 permettra de lancer une recherche interdisciplinaire jamais tentée jusqu’ici sur les convergences et les divergences des formes de consommation patrimoniale qui contribuent depuis le début du siècle à donner au sillon alpin son identité et sa diversité culturelle.
Comprendre les réponses apportées face aux risques liés à la dégradation (liée à son réchauffement) du permafrost de montagne - dont la connaissance est en construction depuis une quinzaine d’années seulement - constitue un enjeu scientifique et sociétal fort. Des événements récents ont démontré l’intensité de phénomènes jusqu’alors peu connus (grands écroulements, effondrement de glacier...) mais dont la dangerosité est renforcée d’une part par la propagation en cascades de processus et d’autre part par l’absence d’analogue passé. Face à ces nouveaux risques que l’on peut qualifier d’émergents, dont les conséquences humaines, sur les infrastructures et les emplois, sont importantes, les experts se mobilisent et interviennent dans le débat public. Néanmoins, des différences de perception et de priorisation demeurent entre les acteurs que sont les scientifiques, les gestionnaires du risque, les autorités et les populations de montagne. Le projet RISKFROST vise à comprendre la perception des risques de chacun de ces acteurs afin de construire une expertise davantage distribuée. Celle-ci pourra aider les acteurs de la prévention à mieux disséminer les connaissances sur les contextes glacio-géomorphologiques propices au développement d’aléas et la vulnérabilité des populations et des infrastructures.
Cette étude est un projet d’amorçage pour une recherche plus approfondie, afin de répondre à des appels d’offre inter-régionaux, qui pourront permettre d’expérimenter et d’élaborer une culture du risque avec de nouvelles formes de gouvernances du risque dans les dispositifs de prévention existant (PPR, PCS).
L’interdisciplinarité ergonomie/psychologie du travail et géosciences permet de confronter des connaissances objectives sur le permafrost de montagne à la perception des risques des acteurs. Pour cela, la méthodologie est principalement qualitative : réalisation de 50 entretiens semi-directifs auprès d’acteurs hétérogènes de deux régions de l’axe Rhodanien (le Valais en Suisse et la Haute-Savoie/Savoie en France). Il s’agira de les enquêter à propos de leurs représentations des risques associés à la dégradation du permafrost et de les confronter à des données de géomorphologie (cartographie, modèles spatiaux, images satellites, retours d’expérience).
Le diagnostic relatif à des situations à risques sera ainsi enrichi par la confrontation de connaissances théoriques et de connaissances empiriques pour orienter les futures actions de prévention dans un contexte d’accélération des dynamiques géomorphologiques. Le livrable de ce projet est la rédaction d’un rapport sur l’évaluation des perceptions des risques liés au réchauffement du permafrost et l’identification des dispositifs existants de prévention.
L'arthroplastie totale de la hanche est une procédure chirurgicale très courante, efficace pour soulager la douleur et restaurer la fonction. Chaque année, plus d'un million de patients sont opérés dans le monde, dont 120 000 en France et 19 000 en Suisse. Le vieillissement de la population, l'épidémie d'obésité et le rajeunissement de la population cible pourraient même doubler les incidences au cours des deux prochaines décennies. Des progrès significatifs dans la technologie et la conception des implants ont permis de réduire l'usure des implants au fil des ans, et des procédures peu invasives ont accéléré le rétablissement des patients dans la phase postopératoire précoce. Cependant, l'usure du polyéthylène et le descellement de la cupule demeurent les raisons les plus fréquentes des révisions de ces prothèses. L'estimation de cette usure peut être aujourd'hui envisagée à l'aide d'outils de modélisation musculo-squelettique permettant d'évaluer le chargement articulaire et la vitesse de glissement articulaire. L’objectif de ce projet est de développer un simulateur numérique permettant d’estimer un indice de détérioration des pièces d’usure d’une prothèse totale de hanche dans le cadre de mouvements courants. Cet outil pourra à terme être employé par le chirurgien pour estimer la durée de vie des prothèses et anticiper un changement de prothèse en fonction de la morphologie du patient et de ses activités quotidiennes.
L'arc rhodanien, son territoire, son économie et sa société, sont marqués par la présence historique de carrières de matériaux de construction. L’extraction de pierres a laissé la place à la transformation industrielle des matériaux pour la production de ciment : c’est là que sont nées les plus grandes entreprises cimentières mondiales (Vicat, Lafarge, Holcim). L'arc rhodanien est marqué par d’importantes agglomérations, véritables laboratoires urbains. Aujourd’hui, elles connaissent des transformations liées au changement climatique et à l’artificialisation des sols, et donc en partie au béton : canicules, pollution atmosphérique, érosions des sols. Face à ces défis cruciaux pour leur durabilité, les matériaux dont les villes sont faites et le devenir des matières produites doivent être repensés.
L’arc rhodanien constitue donc un espace à la pointe des questions d’extraction, de développement urbain et industriel, et de leurs impacts environnementaux.
Le projet MatéRhône, porté par l'Université de Genève (IGEDT) et l'Université de Lyon (laboratoire EVS), grâce à la création d’un réseau transfrontalier de chercheur.e.s, se donne trois objectifs : Étudier le caractère intégré du secteur de la construction dans l’espace rhodanien ; Documenter la place prise par les activités de construction et de déconstruction de bâti et d'infrastructures dans le métabolisme des villes ; Réunir des chercheurs d’institutions françaises et suisses dans une approche transdisciplinaire.
L’actualité de la caricature est numérique. D’une part, les événements tragiques provoqués par l’ « affaire des caricatures de Mahomet » ont montré depuis une quinzaine d’années quels sont les enjeux de la communication de la satire graphique par internet qui est source de manipulations et de malentendus. D’autre part, le dessinateur de presse, aujourd’hui, pense son œuvre à l’aide des outils de création permis par divers programmes de dessin et envisage la diffusion de son travail via internet, notamment par le biais de blogs personnels qui fonctionnent comme autant de vitrines réunissant l’œuvre passé, présent et annonçant l’œuvre futur.
Or, force est de constater qu’à l’exception de travaux conduits autour de l’affaire précitée et hormis quelques rares études de cas, les relations entre caricatures et cultures numériques restent un champ inexploré. Nous nous proposons, à travers un premier colloque-atelier en 2021, de lancer une recherche sur ces relations dans le domaine francophone, dans un premier temps, et dans un espace géographique limité à la francophonie pour mieux poser les enjeux de la mondialisation, des cultures graphiques, du global et du « glocal ».
Le projet s’articule sur trois axes : 1. Les pratiques, esthétiques, médias à l’ère numérique ; 2. La francophonie ; 3. La question de la conservation et de la patrimonialisation. En effet, nous nous trouvons aujourd’hui à un tournant. II faut rappeler que le dessin de presse joue un rôle essentiel dans l’histoire culturelle, politique et sociale, à l’instar de la photographie de presse qui attire de plus en plus l’attention. La dispersion des archives des dessinateurs de presse au sein de diverses institutions est révélatrice d’une situation particulière : ni les musées des beaux-arts, ni les musées historiques locaux, ni les archives publiques, ni les bibliothèques ne sont officiellement « chargés » de recueillir et conserver ce patrimoine graphique en lien direct avec l’information écrite. Notre projet est également l’occasion de réunir les acteurs du dessin de presse - artistes, éditeurs, organisateur, conservateurs, chercheurs – pour qu’ils partagent leurs expériences et discutent des solutions qu’ils envisagent.
Le projet s’inscrit ainsi dans deux phases inaugurales: 1. Projet ACR (2021-2022) ; 2. Projet étendu au Québec- UQÀM (2022 et année suivantes), avec un colloque prévu à Montréal en octobre 2022, puis à Lyon en 2023.
La géothermie est une énergie disponible dans le sous-sol et notre région en recèle, comme l’attestent les sources thermales d’Aix-les-Bains ou Divonne-les-Bains. L’Etat de Genève et Grand Annecy poursuivent des études en vue de l’utilisation de cette ressource pour le chauffage, à des profondeurs d’environ 2 km. Néanmoins cette utilisation est limitée par le risque de sismicité induite, comme cela a été le cas pour des exploitations plus profondes (3-4 km) en vue de la production d’électricité (par exemple Bâle (2006), St-Gall (2013), Strasbourg (2019-2020)), ce qui a mené à l’arrêt de ces projets. Il faut constater que la demande sociétale précède la recherche dans ce domaine, et que cette dernière est insuffisante. Dans notre région des équipes de chercheurs travaillent sur ces questions, séparément, dans les universités de Genève et Savoie Mont Blanc, en liaison avec les projets géothermiques locaux; le projet proposé leur permettra de collaborer sur ce sujet.
Pour comprendre la sismicité induite ou provoquée par une perturbation d’origine anthropique, il faut comprendre la sismicité naturelle – notamment, dans notre région, celle de la faille du Vuache qui a engendré en 1996 un séisme M5.3 à Epagny-Annecy, suivi de très nombreuses répliques. L’analyse de ces répliques montre leur migration du choc principal vers l’extérieur, une manifestation typique de la diffusion d’une perturbation de pression hydraulique dans un milieu fracturé saturé en fluides. Ceci met en évidence la présence de fluides sous pression à cette profondeur (2 km).
Par ailleurs, l’analyse du bruit sismique par des méthodes de corrélation et l’estimation des variations temporelles de vitesses sismiques pendant de longues périodes (7 ans) à Annecy permettent de mettre en évidence des variations saisonnières à basses fréquences (1-2 Hz), dues aux variations de pression hydraulique en profondeur, liées à l’infiltration de l’eau dans le sol. Ces variations sont directement corrélées à l’occurrence de sismicité locale : sous l’effet de la pression de l’eau, les fractures s’ouvrent, la sismicité augmente et les vitesses sismiques diminuent – il s’agit d’un processus de fracturation hydraulique naturel.
La faille du Vuache comporte un segment actif dans la région d’Annecy, et un segment dit asismique plus au Nord, à proximité de l’extrémité sud du canton de Genève, qu’il est nécessaire de comprendre – notamment, dans le prolongement de l’étude précédente, il faut étudier le rôle de la pression hydraulique sur ce segment. Cette étude peut être réalisée en implantant une dizaine de stations sismiques le long de ce segment (40 km), à intervalles réguliers, pendant au moins un an. L’objectif de ce projet est de calculer les variations temporelles de vitesses sismiques le long de ce segment pour mettre en évidence d’éventuelles variations saisonnières de ces vitesses, à basse fréquence, et en déterminer la variation spatiale d’amplitude le long de ce segment ; ces variations spatiales pourront être interprétées en termes de variations spatiales de la pression hydraulique le long de la faille, ce qui devrait permettre de mieux comprendre la distribution de la sismicité le long de celle-ci et les conditions dans lesquelles elle se déclenche.
Cette collaboration s’inscrit dans les objectifs de développement durable (DD) de production d’électricité renouvelable (ER) et d'alimentation des véhicules électriques (VE). Le projet s'intéresse particulièrement aux zones de tourisme alpin, stations de ski, villages en antenne du réseau.
Le renforcement conventionnel est couteux avec une demande de puissance saisonnière très variable. Nous envisageons d'explorer ici l'apport du VE en tant que système de stockage bidirectionnel pour ces zones touristiques et rurales éloignées. Les énergies renouvelables locales (solaire et micro hydraulique) seront exploitées au mieux en les adaptant à la demande, le VE servant alors de moyen de régulation. L'idée n'est pas nouvelle mais sa particularisation aux zones de tourismes nécessitera un approfondissement en matière d’acceptabilité sociale et économique. Il sera nécessaire de développer des stratégies nouvelles en matière de pilotage optimal temps réel des flottes de VE locales du fait des contraintes sociales, économiques et sociales particulière.
Le Go 2 V2G (Vehicle to Grid) for Mountain’s Tourism Aera de l’UGA et de la HES-SO réunira: industriel, exploitant et scientifique travaillant en zone de tourisme de montagne. Les objectifs sont de :
L’évolution rapide des pratiques récréatives en montagne, notamment en ce qui concerne les activités auto-organisées, transforment les dynamiques de ces territoires et leurs enjeux de protection. La pandémie de Covid 19 a d’ailleurs confirmé cette appétence pour les pratiques récréatives en milieu naturel tout en soulignant l’importance d’autres plus traditionnelles comme la chasse.
Ce projet de recherche s’intéresse à ces pratiques sportives et récréatives au sein du territoire transfrontalier emblématique qu’est l’Espace Mont Blanc (EMB). Ce territoire est particulièrement prisé en raison de son patrimoine naturel (environnements alpins) et culturel (inscription fin 2019 de l’alpinisme sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco) très riche. C’est un terrain d’études particulièrement intéressant en raison de sa situation géographique au croisement de divers territoires frontaliers (Savoie, Haute-Savoie, vallée d’Aoste et canton du Valais) et de son dynamisme lié à son attractivité touristique. De plus, de nouvelles structures de gouvernance (Jacob, 2017) ont fait émerger cette structure de coopération transfrontalière depuis le début des années 1990. L’EMB vise à la « la valorisation active de la montagne dans le respect de l’environnement » (Feuvrier, 1996). Diverses actions sont menées pour promouvoir le site et permettre le développement d’activités récréatives de nature s’inscrivant dans un développement durable : sentiers à thème, accords pour promouvoir le respect de l’environnement lors de courses internationales telles que l’Ultra Trail du Mont Blanc, projet de candidature à l’inscription du massif du Mont Blanc au patrimoine mondial de l’Unesco, projet de création d’un parc naturel régional côté suisse…
La structuration de ce territoire autour de la coopération transfrontalière a également permis le développement d’une recherche particulièrement active à travers la présence du CREA (Centre de recherche sur les écosystèmes d’altitude), la mise en œuvre et participation à des projets Interreg-Alcotra (PrévRisk Haute Montagne, 2016-2018 ; AdaPT Mont Blanc, 2017-2020) ; Parcours (2018-2021) ; participation à Alpbionet (2016-2019), etc. De même, les laboratoires de recherche rattachées aux Universités de part et d’autre des frontières s’intéressent au développement territorial de cette région et participent activement à la diffusion des connaissances. Par exemple, divers projets sont menés depuis plusieurs années sur le développement et les transformations de l’alpinisme par les laboratoires EDYTEM de l’Université Savoie Mont-Blanc (USMB) et du CIRM de l’Université de Lausanne (UNIL), tandis que le CIRM, ainsi que deux équipes de recherche de l’Institut de géographie et durabilité (IGD, UNIL) et de l’Institut des dynamiques et de la surface terrestre (IDYST, Unil), tournent une partie de leurs recherche vers ce territoire. Les laboratoires PACTE et SENS de l’Université Grenoble Alpes (UGA) sont également impliqués dans l’étude de la fréquentation des refuges alors que le laboratoire L-VIS travaille sur la question du risque dans les sports de montagne.
Ce projet vise à :
(1) structurer un réseau de recherche rhodanien travaillant sur la durabilité des pratiques récréatives développées au sein de l’EMB ;
(2) approfondir la connaissance de ces différentes pratiques, de leurs organisations à l’échelle de l’EMB et de leur inscription dans la problématique du développement durable.
Contexte : L’UMR CARRTEL (USMB/INRAE) est un laboratoire d’écologie lacustre avec une forte expertise sur les suivis et l’évaluation de l’état écologique des lacs (notamment les grands lacs alpins tels que le Léman). Sa démarche originale se caractérise par l’application d’outils et biomarqueurs spécifiques mobilisant des techniques innovantes et de pointe (génétique, isotopie…). La maîtrise de techniques d’échantillonnages et de mesures in situ, la disponibilité d’infrastructures ancrées dans les territoires et présentes durablement sur les lacs étudiés constituent des compétences fondamentales dans le contexte de cette collaboration.
La filière Gestion de la Nature d’HEPIA, rattachée à la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), gère une formation Bachelor en ingénierie appliquée orientée vers l’aménagement, la valorisation et la conservation des milieux naturels. La licence Science de la Vie (SV) à l’USMB propose une Unité d’Enseignement en Gestion des Écosystèmes centrée sur l’acquisition de compétences pour la gestion de l’environnement et de la biodiversité. Bien que les écosystèmes aquatiques représentent une contribution essentielle dans les enseignements, les connaissances du bassin Lémano-rhodanien dispensées concernent principalement les milieux lotiques tels que fleuves et rivières, les écosystèmes lentiques de petites dimensions tels que les étangs (HES-SO), ou présentent une orientation préférentielle sur les milieux de montagne (USMB). La thématique lacustre est abordée, mais pas traitée de manière approfondie, notamment les techniques propres au diagnostic et au suivi de ces milieux. Sur le plan structurel, l’organisation académique du semestre ne permet pas la réalisation de semaine pratique dans le cursus obligatoire (déplacements et logistique conséquente à mettre en œuvre non compatible avec le calendrier hebdomadaire). C’est dans ce cadre de partage et de diffusion de compétences clés pour la formation des futurs ingénieurs et gestionnaires écologues que ce projet se situe, à travers la création d’une école d’été réalisée à Thonon-les-Bains avec l’appui des scientifiques et de l’expertise technique de l’UMR CARRTEL.
Objectif : L’objectif principal de ce projet est le développement de coopérations académiques entre équipes françaises et suisses via la mise en place de l’école d’été proposée. Plus spécifiquement, les objectifs du cours porteront sur le renforcement des connaissances en écologie lacustre (fonctionnement du réseau trophique, cycles biochimiques...), avec un focus sur les outils de monitoring et de diagnostic de l’état écologique des lacs et sur l’acquisition des données haute fréquence non intrusive. Le cours sera basé essentiellement sur des ateliers et des travaux pratiques (TP) au travers desquels les étudiants seront sensibilisés aux différentes problématiques des écosystèmes lacustres soumis à plusieurs pressions anthropiques, mais surtout à la mise en application pratique d’outils de diagnostic écologique.
Un objectif complémentaire de ce projet est la création d’un outil de formation digital pour plateforme online Open Access. Il s’agit de filmer pendant les activités un court métrage de type “capsule cours”, où les étudiants seront acteurs, pourront montrer les techniques et donner des avis et conseils basés sur leur expérience pratique. Ce ‘capsule cours’ pourrait être centré sur une méthode spécifique et utilisé par les enseignants et les étudiants à des fins pédagogiques.
Contexte :
Les caméras acoustiques sont des outils innovants et non intrusifs de suivis des populations de poissons (Martignac et al., 2015), en particulier de la phénologie de migration ou de reproduction. L’UMR CARRTEL, dans le cadre de ses suivis, échantillonne par des méthodes de pêches aux filets les féras (Coregonus laveratus), poisson emblématique des lacs alpins, pour étudier la phénologie de la reproduction qui est directement liée aux températures du lac et donc au changement climatique. Le déploiement d’une caméra acoustique nouvelle génération (ARIS) dans le Léman permettra de proposer une solution alternative aux observations obtenues avec l’échantillonnage classique et donc de s’inscrire dans une démarche d’observation non intrusive. De plus, la description fine des rythmes de reproduction de ce poisson dans le milieu naturel pourra être réalisée. Ce projet s’inscrit dans une démarche d’utilisation de technologies numériques non intrusives pour l’étude des populations de poissons, ressources durables locales.
Objectif :
Le changement climatique modifie la phénologie des organismes et des poissons en particulier. Le régime thermique des écosystèmes aquatiques est le facteur principal permettant le déclenchement de la fraie des poissons lacustres (Gillet, 1989). Chez certaines populations de poisson du Léman, dont le cycle de reproduction est physiologiquement piloté par la température de l’eau, de telles modifications ont déjà été observées pour le gardon et pour la perche (Gillet et Dubois 2007; Gillet et Quétin 2006, Gillet et Dubois, 2009). La féra (Coregonus lavaretus), poisson emblématique à forte valeur patrimoniale et économique, ressource durable et locale, fraie à la fin de l’automne et au début de l’hiver lorsque les températures descendent en dessous d’une valeur seuil (7-8°C environ) et est donc sensible aux évolutions des températures de l’eau (Goulon et al., 2019). Avec le changement climatique, les valeurs seuils devraient être atteintes plus tardivement, modifiant ainsi les dates de fraie, avec des conséquences sur les cycles de vie (qualité des gamètes, émergence des larves, match-mismatch, recrutement, etc.).
L’objectif de ce projet est de vérifier la capacité d’utiliser des méthodes non intrusives (caméra acoustique), haut débit, pour étudier la phénologie de la fraie du corégone dans le Léman et d’inscrire cette approche dans le cadre des suivis à long terme utilisant actuellement des filets maillants (Goulon et al., 2019). Plus précisément, il s’agira : 1- valider les données de caméra avec les données de pêches expérimentales 2- d’estimer la date du début/de la fin de la fraie, son apogée et de vérifier le lien avec la température, 3- de caractériser la taille des géniteurs présents sur le site de fraie, 4- d’obtenir un descriptif temporel fin de l’activité de fraie 5- de définir un protocole pour du long terme.